Petits bouts I

I

 

Un vieux monsieur, digne, habillé avec une certaine recherche, petit chapeau sur la tête, est assis dans le bus à côté de moi.

–    Quel jour de la semaine est-on aujourd’hui ?

–    On est mercredi.

–    Mercredi…

Il reste silencieux un instant.

–    Je viens de me réveiller, et je ne sais pas si on est le matin ou le soir.

–    On est le soir.

Il regarde sa montre.

–    Huit heures. C’est une bonne heure. Merci.

–    Je vous en prie.

Le bus s’arrête. Je me lève pour descendre, salue le vieux monsieur qui poursuit sa route.

 

   

 

II

 

Au bord du trottoir, un homme de la rue, grand, large d’épaules,  se plie en deux sur ses chaussures fatiguées. Il les nettoie soigneusement avec un tampon de papier mouillé dans une flaque d’eau de pluie.

                       

 

                                                                             

 

III

 

 

Ce matin, un bateau a été mis à l’eau.

 

Il est arrivé sur une remorque tirée par un tracteur.

Un beau bateau de rivière à la coque noire, habillé de bois blond chaud, coiffé d’une petite maison aux ouvertures encadrées de rouge.

Il a fallu de nombreuses manœuvres au tracteur pour amener la remorque par la rampe jusqu’au bord du fleuve, puis dans l’eau.

La remorque a été totalement immergée, jusqu’au moment où le bateau – TA’K FLO’T, le bien nommé – a flotté sur la Loire.

Les badauds qui avaient filmé ou simplement admiré la manœuvre ont applaudi.

Le facteur, qui avait interrompu sa tournée pour assister à l’événement, est reparti sur son vélo.

Les spectateurs se sont dispersés, tandis que le marinier propriétaire et constructeur du bateau faisait sauter le bouchon d’une bouteille de champagne.

J’ai poursuivi ma promenade.

C’était une belle journée d’avril à Chalonnes sur Loire.

 


 

 

IV

 

 

Haïfa. La ville est habitée par une multitude de chats errants. Un tigré a attrapé une souris ou un oiseau, je ne distingue pas de là où je suis ; il emporte sa proie dans un coin pour la dévorer. Le coin n’est que le pied d’un réverbère au beau milieu d’une pelouse.

Plus loin, plus tard. Des os dispersés au milieu de la rue. Trois chats, un noir, un tigré, un blanc taché de noir, les nettoient consciencieusement.

 

                     


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