Mon invité aujourd’hui s’appelle Antoine Nastasi. Voici comme il présente lui-même son travail :
Au commencement, un mélange de langues et de dialectes.
Et l’enfant en inventa d’autres.
Et la maison du poirier en espalier qui les contient tous.
Je la cherche.
Antoine a publié un poème, “Brume de fond”, dans le n°3 de la revue Esquisse(s), Paris, Le Félin, 2012
J’ai sélectionné pour vous trois des textes qu’il m’a envoyés.
Le texte inconnu
Poussé par un premier froissement
Il s’étend en silence
Écartelé entre amalgame et dislocation
Charrié par un élan rouge
Il cherche un passage
Caché dans la force primitive du talus
Écorché par l’épine du néflier
Il est si proche si dense
Une gerbe arrêtée en plein vent
Une douleur de sourcier
Un texte inconnu
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Poirier déclive.
La pente est lente
La terre descend vers le monde
Il est là
Entre pierres et champs
Arc bouté en un élancement arrêté
Désignant le midi
Tendu de biais jusqu’à la vibration des ramures
Poirier grisé, fleuri de deuil
Il n’est plus que déclivité
Le seul signe qui vaille
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Dernier été
Enfin le monde en un jardin
Marche immobile du jaune et du noir
La salamandre enfouie au pied du muret
Élévation gorgée de rouge orange
Les baies chaudes de l’aubépine.
Un parfum de terre sèche.
Mêlé aux relents de l’humus,
Lentement tout est présence
Des chemins se dessinent
Des plaques mouvantes se touchent
D’une mélodie absente
Flottement d’une fin
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